[Start-up] Création
by Pascale Caron
Entretien avec Lilie, la fondatrice d’ACTIVELILIE.
Lilie est une passionnée, une wonder woman perchée sur des talons aiguilles, collectionneuse de chapeaux et d’accessoires féminins, qui n’hésite pourtant pas à enfourcher sa moto pour faire le tour de Corse avec son chéri. Elle a créé sa marque ActiveLilie qui propose des sacs personnalisables sur mesure à « ses élégantes » comme elle les appelle : des femmes libres qui veulent en finir avec la recherche perpétuelle du sac idéal.
Quel a été le déclencheur pour créer ta marque ?
J’ai toujours été passionnée par la couture et la mode. Mon plus ancien souvenir remonte à l’âge de mes 7 ans : les remontrances de ma maman quand elle me surprenait devant sa machine à coudre que j’avais investie sans sa surveillance, pour coudre les habits de mes poupées. Je suis passionnément autodidacte, j’ai appris en décousant tout ce qui me passait sous la main, vêtements, sacs et parfois même les ceintures. A l’époque il n’y avait pas de tutos disponibles, maintenant je fouine sur Youtube, pour parfaire mes techniques.
Malgré cette passion dévorante, je n’ai pas franchi la porte des études dans la mode et du business. Issue d’une famille traditionnelle, et avec quelques facilités en math, je ne pouvais faire que des études scientifiques, médecin ou ingénieur. Finalement, je suis devenue ingénieure en informatique !
Quand mes trois garçons ont pris leur indépendance, ils m’ont laissé beaucoup de temps libre. J’ai commencé par créer des sacs ordinateurs, des sacs à main pour moi et mes copines. De fil en aiguille, c’est le cas de le dire, je me suis prise au jeu, j’ai lancé ActiveLilie pour m’amuser, en parallèle de mon activité salariée.
Développer une marque, sa marque, c’est génial. La créativité ne s’exprime pas que dans la production de modèles, mais aussi dans les techniques de marketing, la communication, la relation clientèle, les collections, etc. C’est très complet… J’adore.
Quand je me suis lancée dans l’aventure, je pensais que la couture était ma motivation première. Eh bien non : j’ai découvert que j’aimais créer, imaginer des pièces uniques, de styles très différents. Réaliser deux fois la même pièce m’ennuie profondément.
Quelle est la ta marque de fabrique ?
La création de sac à main sur mesure est ma spécialité : ma mallette de modèles contient plus d’une cinquantaine de patrons, de sacs et de pochettes ; il y en a de toutes les tailles, de toutes les formes, pour tous les goûts. Quand une élégante ne trouve pas son bonheur, je crée un patron spécialement pour elle. Côté look, mes placards renferment plus de deux cents tissus pour l’extérieur et les intérieurs, de quoi varier les styles.
Ma pépite est le « sac d’artiste », il est le faire-valoir de l’œuvre, peinture, dessin ou même photographie d’art. L’œuvre numérisée est imprimée sur le tissu. Je crée le tissu à partir de l’illustration et de la pièce à coudre, pour l’intérieur et/ou l’extérieur du sac. La création de sacs est mon mode d’expression artistique. Créer le tissu permet de laisser libre cours à mon imagination pour faire naître une pièce unique.
Ma démarche artistique passe aussi par une prise de conscience écoresponsable et une volonté d’utiliser des matériaux de filières low-fashion, Française dans la mesure du possible. Mon premier modèle écoresponsable est une lingette lavable et réutilisable, en coton organique et éponge de bambou bio. Et pour rester dans le style artistique ultra féminin, elles sont décorées d’illustrations.
Tu te définis comme une slasheuse, comment concilies-tu une activité salariée dans l’informatique avec la création ?
Soyons réaliste, mon activité salariée avec sa sécurité financière me permet de créer librement sans contrainte, ni pression financière. Mais ce serait trop simpliste de réduire mon travail dans l’industrie de l’informatique à une simple activité lucrative. L’informatique est la technologie du futur depuis plus de 50 ans. Elle ne cesse d’être innovante et c’est passionnant de participer à la construction de notre futur.
Je suis convaincue que la technologie et l’art sont complémentaires. La technologie fait avancer l’art et vice-versa. Prenons l’exemple concret de la couleur bleue : la création industrielle des pigments bleus ne date que du début XVIIIe siècle ; auparavant, les peintres ne pouvaient l’utiliser qu’en très petite quantité, car elle était difficile à synthétiser. De nos jours, le bleu a détrôné toutes les autres couleurs en occident. Bien souvent, l’art est le point de départ de nos réflexions et de notre créativité dans tous les domaines et la technologie en fait partie.
Dans ma vie l’informatique et Art font la paire et je vis à 100% chacune de mes deux activités, chacune alimentant l’autre, c’est mon « think out of the box ».
Qui sont tes rôles modèles ?
Mes influences sont nombreuses. Mes icônes de mode vont de Coco Channel et son iconique petite robe noire, Paco Rabanne et sa mythique robe métal, Chantal Thomas et son style sexy chic, Yves Saint-Laurent et son tailleur pantalon, Christian Louboutin et ses stilettos rouges. Ils ont réinventé la femme. Leurs parcours de vie d’artiste sont riches et m’inspirent.
Mais je m’inspire aussi des artistes autour de moi. Je suis fascinée par l’utilisation de la matière et des objets hors contexte, comme le body painting, le street-art ou les artistes upcycling. D’ailleurs, sur mon site, j’ai créé une rubrique Artiste invités pour le plaisir de les interviewer, de me plonger dans les coulisses de leurs ateliers et leurs univers créatifs. Cette émulation me nourrit : mon fil conducteur est la dualité de la femme, entre rêve et réalité de la vie quotidienne.
Et n’oublions pas mes élégantes ! Imaginer et réaliser des sacs, des pièces uniques, qui correspondent exactement à la femme, qui va les porter, me permet de rencontrer des personnes formidables. La création sur mesure commence toujours par un échange riche avec l’élégante.
Quels sont tes nouveaux challenges ?
Vaste question, j’adooore les challenges ! Ma devise: « vivre d’une activité qui combine la technologie, la création et l’art ».
Plus concrètement, mon prochain challenge est d’interviewer Rachel Bergeret, une artiste plasticienne qui a démarré sa carrière dans le monde de la mode. Ses œuvres reflètent cette dualité féminine qui m’anime. Et mon rêve serait de collaborer avec elle.
Aurais-tu un livre à nous conseiller ?
Même si je ne prends pas beaucoup de temps pour lire, la lecture est une évasion qui me permet de me ressourcer, au même titre que la musique et l’opéra. Ma dernière lecture c’est « Usucapion » de Maxent Lisle, un roman poignant dont il est difficile de se détacher, si ce n’est pour créer.
« Technologie, création et art », tout un programme !