INTERVIEW DE SON EXCELLENCE LA PRESIDENTE, MADAME SAMBA PENZA

ANCIENNE CHEF D’ETAT DE LA TRANSITION

ET ACTUELLE CANDIDATE AUX ELECTIONS PRESIDENTIELLES DE LA REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE

Ancien Chef d’Etat, militante et engagée politiquement, Catherine Samba-Penza est d’abord une femme de coeur. Nous avons eu l’opportunité de comprendre en quelques questions/réponses son investissement en faveur du leadership féminin. Fondatrice d’OPALEF, rencontrée au FIED, une femme de tête qui aide les femmes avec générosité et conviction.

 

  • Madame la Présidente de la République de transition de Centrafrique, vous avez géré le pays sortant d’une grave crise, en tant que Chef de l’état de la transition, Quel a été votre priorité ? Quel est votre bilan de ces deux ans de transitions ?

Ma priorité en tant que Chef d’Etat de la transition (2014 – 2016) a été la pacification du pays pour permettre l’expression des forces vives et des partis politiques. Ensuite, j’ai eu pour souci constant, l’implication des femmes dans les canaux de décision. C’est ainsi qu’aussi bien que dans mon cabinet qu’au gouvernement, des femmes ont été appelées aux affaires et ont montré leur capacité de travail et de gestion des dossiers.

Je peux me prévaloir d’un bilan louable : la pacification du pays par le dialogue permanent avec les groupes rebelles ; le rétablissement des relations avec nos voisins et nos partenaires au développement ; le retour de la RCA sur la scène internationale ; l’organisation, malgré les conditions difficiles, des élections présidentielles crédibles et transparentes à l’issue desquelles, j’ai transmis le pouvoir au Président élu ; le regroupement des femmes dans des associations pour leur permettre de cultiver un leadership efficace et d’acquérir une autonomisation.

Ce bilan aurait été plus brillant si certaines forces extérieures n’ont pas tenté d’entraver le fonctionnement de la transition. Je regrette aussi le fait que je n’ai pas pu achever la réconciliation des Centrafricains avec eux et démanteler totalement les milices et groupes rebelles.

 

  • Vous êtes militante des droits des femmes, au sein de l’association des femmes juristes de Centrafrique, formatrice en droits humains au sein du programme Afrique d’Amnesty International, comment voyez vous la place de la femme en Afrique? Vous organisez un forum international féminin (OPALEF), quel est aujourd’hui le rôle des femmes ? Peuvent-elles par le dialogue aider? 

Pendant longtemps et au cours de mes divers mandats, le leadership de la femme a été pour moi un but et une obsession. Les femmes ont gagné beaucoup de combats, bravé les pesanteurs socioculturelles qui continuent par freiner leur évolution.

En Afrique, beaucoup d’espaces de libertés ont été conquis par les femmes. Des femmes ont pris le leadership politique, économique et associatif. Je considère que désormais, aucun développement n’est possible sans une forte implication des femmes aux sphères décisionnelles. A l’horizon de 2030 ou 2040, beaucoup de femmes prendront la direction de nombreuses structures et institutions en Afrique.

Les Présidences de femmes au Libéria, au Malawi, en Ethiopie, en RCA ou en Guinée, des postes de Premier Ministre ou de Présidents de parlement dévolus aux femmes au Gabon, au Congo, au Togo sont des signes forts de la prise en compte des aptitudes des femmes dans la sphère politique. Et c’est un atout important.

Le Forum que l’OPALEF, dont je suis la Présidente, organise chaque année, vise justement à organiser et à renforcer l’autonomisation de la femme et l’implication de la femme dans les processus décisionnels par un réel leadership.

Naturellement, les femmes présentent les atouts pour obtenir des consensus dans les processus de dialogue et de paix. Mon expérience à la tête d’un pays en guerre m’a renforcée dans la conviction que la femme a une force de persuasion que les hommes n’ont pas. Même si les dirigeants de ce monde sont à majorité des hommes, le rôle des femmes dans leurs communautés ou sociétés dans le processus de réconciliation s’est révélé déterminant. Et plus elles seront investies de confiance sur ces thématiques, plus elles obtiendront des résultats et mieux le monde se portera.

  • Quel message souhaiteriez vous transmettre aux femmes d’Europe ?

Je souhaite dire aux femmes d’Europe de sortir des archétypes et des paradigmes créés par les hommes pour favoriser le dialogue des civilisations. Les femmes sont à même d’ériger des ponts entre les peuples parce qu’elles donnent et entretiennent la vie ; elles peuvent la protéger et la prolonger. Les femmes d’Europe doivent s’ouvrir à leurs sœurs d’Afrique pour un véritable dialogue civilisationnel. Parce que je suis convaincue que si les femmes se levaient dans une dynamique de construction de l’humanité sur les valeurs universelles, le monde changerait positivement.

Je vous remercie.

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